L’histoire des ardoisières bretonnes
Cette histoire remonte au XVI ème siècle dans la région de Châteaulin et dans celle de Mûr-de-Bretagne. L’activité des ardoisières bretonnes s’est développée dans la région par le passage de la couverture en chaume à celle en ardoise au cours du Second Empire. Entre 1920 et 1935, cette industrie est à son apogée et emploie plus d’un millier d’ouvriers.
Les débuts de l’exploitation des ardoisières bretonnes
Au cours des XV ème et XVI ème siècles, l’activité ardoisière se concentre sur la partie finistérienne du bassin de Châteaulin.
Au milieu du XVIII ème siècle, l’industrie ardoisière se développe en Finistère dans la région de Pleyben et Gouézec. La méthode d’extraction à ciel ouvert, utilisée depuis le Moyen Âge, est majoritairement employée. L’ardoise extraite est le plus souvent uniquement dégrossie et vendue à la charretée aux couvreurs des environs qui la taillent eux-mêmes.
Ardoisières bretonnes : de l’artisanat à l’industrie
À partir de 1850, les filons d’ardoises commencent à s’épuiser, les carrières n’étant exploitées qu’à faible profondeur. L’activité se déplace donc vers l’Est, même si à cette époque, le Finistère compte toujours le plus grand nombre de carrières. Des exploitations ouvrent le long du canal de Nantes à Brest, dans les Côtes-du-Nord et en Morbihan.
Durant les trente dernières années du XIX ème siècle, un nombre important d’ardoisières bretonnes cessent d’être exploitées, notamment celles de Châteaulin, Saint-Segal, Laz etc… En parallèle, certaines carrières situées le long du canal de Nantes à Brest, parviennent à se développer. Les fermetures sont en majorité la conséquence de l’épuisement des filons et de la méconnaissance des techniques d’exploitation. Également, le développement du chemin de fer ouvre le marché à la concurrence. Cela pose de nombreuses difficultés aux carrières faiblement mécanisées. Après 1890, la situation s’améliore pour les ardoisières bretonnes les plus modernes, dont le nombre d’ouvriers augmente rapidement.
Durant la première guerre mondiale, la production des ardoisières continue, puisqu’elles seront sollicitées pour subvenir aux besoins de la guerre. La reconstruction profite également aux ardoisières, avec une période de prospérité dans les années 1920. Beaucoup en profitent pour moderniser leurs installations.
Hélas, le secteur sera durement frappé par la crise des années 1930. En 1932, la production française diminue de 51%. Les ardoisières bretonnes ferment une à une, jusqu’à n’être plus que 14 en activité au plus fort de la crise.
Après 1938, l’exploitation se concentre en basse Bretagne, à la frontière entre Finistère, Côtes-du-Nord et Morbihan. Grâce à la consommation bretonne et à la réputation de qualité de l’ardoise, le marché se maintient malgré la concurrence de l’ardoise d’Anjou qui s’intensifie. Cette dernière aura un quasi-monopole sur le marché français au début des années 1940.
Le déclin de l’industrie
La situation des ardoisières bretonnes devient très difficile à partir de 1945. Les centres participant à la reconstruction sont essentiellement ceux de Maine-et-Loire et de l’Anjou. Les ardoisières de Bretagne, quant à elles, ne produisent plus que 4 à 5 % de la production nationale. L’ardoisière de Moulin-Lande, à Maël-Carhaix, devient l’exploitation bretonne la plus importante. Elle est l’une des rares exploitations véritablement industrielles de Bretagne, notamment grâce à son équipement. Sa production et ses effectifs restent relativement stables jusqu’aux années 1960. Mais en 1970, la carrière n’emploie plus que 68 personnes, une baisse due à la chute des commandes et à la difficulté de recrutement de nouveaux ouvriers. En 1984, la carrière est contrainte de fermer. Elle rouvrira en 1988, avec beaucoup moins d’employés (une trentaine) et une exploitation beaucoup plus mécanisée : haveuse sur rail, machines de découpe au laser etc… Cependant, malgré un schiste de très bonne qualité, elle ferme définitivement en avril 2000.
Dans les monts d’Arrée, des ardoisières produisent toujours une ardoise rustique, et survivent ainsi grâce à une industrie de « niche ». Elles fournissent en ardoises les monuments historiques et les particuliers passionnés, et produisent aussi du dallage.
Cet article, a été rédigé sur la base de l’article très complet de Léna Gourmelen, « petite histoire des ardoisières bretonnes » disponible sur le site ardoise-naturelle.fr. Les photos d’illustrations en sont issues également.